Bonjour Margot SCHULTZ, tu es cheffe de projets rénovation-réhabilitation de Novabuild depuis décembre 2022. Pour commencer cet entretien, j’aimerais te demander comment ça va ?

Très bien, merci ! Je crois qu’au bout d’un an, ça y est, j’ai enfin pris mes marques. Il faut savoir qu’il s’agissait à l’origine d’une création de poste donc il y avait une part de flou, avec beaucoup de choses à mettre en place, à inventer.  Aujourd’hui le contour de ma mission s’est affiné et je travaille sur des projets tous très différents : c’est foisonnant et stimulant ! On sent bien d’ailleurs que la rénovation -réhabilitation est un sujet en pleine effervescence. Je travaille donc avec un grand nombre d’acteurs différents que j’essaie de faire avancer ensemble, et je suis impatiente de voir comment tous ces projets vont aboutir.

Peux-tu te présenter, et nous communiquer tes 3 points forts personnels et professionnels ?

Je ne m’attendais pas à cette question ! Mes 3 points forts, je crois, ce sont la curiosité, la persévérance et l’implication.

Peux-tu nous raconter pourquoi tu as rejoint Novabuild ?

J’ai rejoint Novabuild par ce que je me suis dit que c’était une opportunité pour faire avancer les choses dans le bon sens. Ce que nous faisons est en accord avec mes valeurs. Je cherche un travail qui a du sens, et les préoccupations de Novabuild sur la crise climatique et son champ d’intervention me permettent d’être au contact d’acteurs qui ont de l’influence et avec lesquels on peut agir.

Peux-tu nous raconter ce que tu avais fait avant de nous rejoindre ?

J’ai fait des études d’architecture dans différentes écoles, notamment en Allemagne, avec des approches différentes sur la façon de concevoir l’architecture. J’ai ensuite cherché à avoir d’avantage d’impact sur les projets que je concevais, je me suis donc spécialisée dans la conception de projets ayant recours aux matériaux bio et géo-sourcés. J’ai suivi la formation d’Ouvrier.e Professionnel.le spécialisé.e en Eco Construction (OPEC), où l’on apprend  sur les chantiers à mettre en œuvre la matière (pierre, bois, terre crue, paille et  chanvre),  à faire avec ses mains. Franchement, je ne m’attendais pas à ce que le chantier me plaise autant ! J’ai donc travaillé par la suite dans une entreprise spécialisée dans la réhabilitation du bâti ancien en bauge (terre crue) dans le bassin rennais. Nous réalisions principalement des correcteurs thermiques et des enduits de finition en chaux-chanvre.

Peux-tu décrire l’objectif de la mission de cheffe de projets rénovation-réhabilitation de Novabuild ?

Ma mission principale consiste à sensibiliser les maîtres d’ouvrages et gestionnaires du tertiaire privé, à l’importance de réduire leur consommation d’énergie, et de penser des rénovations globales et qualitatives.

Rappel des enjeux énergie/ climat et panorama des réglementations environnementales en vigueur dans le secteur du bâtiment. Intervention réalisée pour le réseau d'entreprises sautronnaises le 26 octobre 2023

Est-ce que tu pourrais nous dire en quelques mots pour quelles raisons Novabuild a créé avec le soutien de Nantes Métropole un poste dédié à la rénovation des bâtiments tertiaire ?

Oui, alors pour bien comprendre les enjeux il faut repartir de deux constats :

1. Le parc immobilier tertiaire représente près d’¼ du poids carbone du secteur du bâtiment,

2. avec la rénovation des logements, la rénovation du tertiaire représente près de 50% des potentiels gain carbone du secteur du bâtiment. La massification de la rénovation est un levier incontournable pour réduire notre impact sur le climat.

D’ailleurs la réglementation évolue en ce sens : le décret tertiaire qui est entré en vigueur l’année dernière fixe pour ambition de réduire de 60% les consommations d’énergie des bâtiments tertiaires d’ici 2050, avec un premier palier à atteindre de -40% d’ici 2030. Cela va arriver très vite ! Mon rôle est donc d’accompagner le lancement et l’application de cette nouvelle réglementation. Cela passe entre autres par le déploiement d’animations de sensibilisation et l’accompagnement des maîtres d’ouvrage tertiaires pour les aider à passer à l’action et à réaliser des rénovations performantes et de qualité.

Peux-tu nous présenter de façon succincte le contenu de ta mission ?

Cela dépend des acteurs avec lesquels je travaille.

Comme je le disais, avec Nantes Métropole qui finance en partie la mission, nous menons des actions d’animation en direction des maîtres d’ouvrage tertiaires privés. Cela nous a amené par exemple à créer une série de webinaires sur la rénovation du tertiaire. Nous proposons aussi depuis peu des ateliers en présentiel sur les zones d’activité de l’agglomération pour être au plus près des acteurs concernés(conférences pédagogiques, atelier bâtir son plan d’action, balades thermiques…). Je suis amenée en parallèle à sensibiliser les développeurs économiques de la Collectivité, car ils sont le premier contact des gestionnaires du tertiaire.

Je mène également un travail avec la DREAL et la DDTTM, de cartographie des assujettis au décret tertiaire, ce qui permettra de cibler des zones où il y aurait le plus d’assujettis qui auraient besoin d’appui et d’accompagnement.

Je suis également intégrée dans le réseau national des relais du décret tertiaire piloté par le CEREMA, au sein duquel nous avons une réflexion sur l’accompagnement que l’on peut offrir aux assujettis. Cela m’aide beaucoup dans mon quotidien, et permet de rester connectée aux grands enjeux nationaux sur cette question.

Enfin, avec Novabuild, il s’agit de fédérer les acteurs de la rénovation, les AMO, les maîtres d’œuvre, les entreprises, etc. Nous avons envie de les emmener sur le sujet au travers des webinaires, des visites de chantier et des ateliers créatifs, par exemple.

Et au quotidien ? Peux-tu nous raconter une de tes journées par exemple ?

Je vais compiler plusieurs choses que j’ai faites cette semaine.

Nous avons présenté en début de semaine au CEREMA le travail de cartographie dont je parlais tout à l’heure. C’est le CEREMA qui a constitué à l’origine la Base de Données sur laquelle nous travaillons, et donc leur point de vue était très important. Leur retour est très motivant.

J’ai eu également un échange avec un adhérent de Novabuild, syndic de copropriété, sur la rénovation d’un bâtiment mixte tertiaire-logement. Je lui ai présenté toutes les ressources disponibles à Novabuild.

J’ai eu un échange avec une entreprise que j’ai sollicitée pour intervenir sur la balade thermique que l’on va organiser en novembre avec ALISEE.

J’ai eu un échange avec un assujettis au Dispositif Eco Energie Tertiaire (DEET), qui rencontrait des difficultés à réaliser la déclaration de son entité fonctionnelle sur la plateforme OPERAT. Cela s’est passé en visio, il a partagé son écran, et je l’ai accompagné point par point pour l’aider à remplir ses données sur la plateforme.

J’ai eu un échange plusieurs échanges ce matin avec un développeur économique de la métropole pour préparer une animation, et j’aurais un échange cet après-midi avec une agence d’architecture pour un diagnostic qu’ils ont réalisé sur un bâtiment tertiaire emblématique en Anjou que nous proposons d’accompagner. Et ce soir, j’interviens en duo avec toi, à Sautron, devant des chefs d’entreprises concernés par le dispositif éco énergie tertiaire.

Présentation de l'offre d'animations ALISEE-Novabuild sur la rénovation du tertiaire devant les développeurs économiques de Nantes Métropole le 29 septembre 2023

Quels sont les acteurs extérieurs à Novabuild avec lesquels tu travailles, et comment vous jouez la complémentarité ?

Le travail qu’on mène sur les territoires, on le fait en partenariat avec Nantes Métropole, mais aussi en lien avec l’association ALISEE qui intervient sur le petit tertiaire (les moins de 1000 m2). Nous sommes en train de fabriquer avec eux un jeu ludique, utile et pratique sur le thème : « comment bâtir son plan d’actions » de rénovation des bâtiments tertiaire. Nous allons en début d’année 2024 solliciter les adhérents de Novabuild pour les faire réagir sur ce projet.

Parlons justement des adhérents de l’association, qu’est-ce que tu peux apporter aux adhérents ? A quel moment peuvent-ils te contacter, et pour faire quoi ?

Ils peuvent m’appeler s’ils ont des questions spécifiques sur la rénovation, sur la réglementation en vigueur, mais aussi s’ils cherchent une publication, des ressources techniques, des compétences pour mener à bien leur projet, ou un accompagnement plus approfondi sur un projet de rénovation spécifique. Novabuild mène une action permanente de veille, les adhérents peuvent donc aussi m’informer de leurs projets intéressants, pour me permettre ensuite de diffuser cette info.

D’ailleurs, s’ils sont intéressés par la thématique que je porte, je serais très intéressée de savoir quels sont leurs besoins et leurs attentes, d’avoir leurs avis sur les actions que nous menons ou du moins, j’aimerai bien qu’on apprenne à mieux se connaitre et à fonctionner en réseau. Je le fais déjà avec certains d’entre eux, et ce cercle peut s’élargir.

Selon toi, quelles sont les atouts que tu apportes en complémentarité à l’équipe opérationnelle de Novabuild ?

Ce serait plutôt à l’équipe de le dire, je crois. Mais pour répondre, je dirais que j’apporte un autre point de vue, une autre approche, orientée sur l’architecture et le chantier, complémentaire à l’approche d’ingénierie.

Equipe opérationnelle de Novabuild

Justement, quelle est ton appréciation sur cette équipe ?

C’est une équipe super dévouée, très investie, très dynamique, hyper inventive et créative, à l’écoute des adhérents, et qui sait toujours rester joyeuse, malgré les aléas de dernière minute !

Quelles sont les 2-3 réalisations dont tu es le plus fier ?

Les gros projets concrets sur lesquels je travaille ne sont pas encore arrivés à leur terme, je ne peux pas encore en parler. On se rend compte que les choses mettent du temps à se mettre en place, car nous essayons d’emmener beaucoup d’acteurs, mais quand cela se met en place, c’est très enthousiasmant.

Quelle vision portes-tu sur l’avenir du bâtiment, de la ville, des aménagements ?

Dans 20 ans, on aura repensé complétement les mobilités, beaucoup de surfaces bitumées auront été désimperméabilisées , il y aura plus de services de proximité, mais je pense également que nous mutualiserons beaucoup plus d’espaces, que soit à l’échelle d’un bâtiment ou d’un ilot.

Et comme on sera passé à la semaine des 15 heures de travail par semaine, il y aura plein de nouveaux usages dans la ville qu’on ne soupçonne pas encore !

Et si tu avais un rêve, ou une baguette magique, tu en ferais quoi ?

Déjà, je ferais en sorte qu’on ait des bâtiments dans lesquels on se sente mieux, qui soit sains et moins énergivores Les bâtiments seraient facilement modulables et adaptables à de nouveaux usages. J’aimerai que l’on puisse s’inspirer davantage des techniques de construction vernaculaire, se réapproprier les savoir-faire anciens utilisant des matériaux de qualité, locaux, renouvelables.

Un mot à rajouter ?

Si le dérèglement climatique nous fait parfois penser l’avenir de façon pessimiste, il ne tient qu’à nous d’agir, chacun à notre niveau et avec nos moyens, pour réinventer un avenir enviable !

Je te remercie d'avoir répondu à ces questions.

Propos recueillis par Pierre-Yves LEGRAND, Directeur de Novabuild, le 26 octobre 2023


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