Logements MATERA, dans la Caserne Mellinet, Nantes

Ce projet a fait l'objet d'une visite de chantier organisée par Novabuild pour le Collectif Biosourcé Pays de la Loire, le 23 mai 2024, en présence des acteurs du projet.

©Crédits photo Novabuild

Rarement une visite de chantier n’a eu un tel succès ! Aujourd’hui, plus de 80 professionnels ont pu visiter le chantier du projet MATERA, une visite organisée par Novabuild pour le Collectif Biosourcés Pays de la Loire.

Ce projet de logements sur 6 étages s’inscrit dans le site de la #Caserne Mellinet, ancienne caserne militaire reconvertie, un cadre d’exception avec une forte ambition environnementale de l’aménageur en termes d’économie circulaire, de mode de déplacement doux, de faire avec l’existant et de développement des projets biosourcés. L’insertion des volumes des bâtiments dans le site garantit une continuité aussi bien avec les bâtiments militaires historiques qu’avec les pavillons en proximité.

C’est avec l’objectif de recourir le plus possible à des matériaux biosourcés que l’équipe projet, constituée d’ICEO et BATI Nantes côté maitrise d’ouvrage, et RAMDAM et PALAST côté architectes, a fait le choix d’un système constructif en béton de chanvre préfabriqué et ossature bois. Cela permet au projet d’atteindre le label E3C2 et le niveau 3 le plus élevé du label biosourcé.

Le choix du béton de chanvre a nécessité de nombreuses études et tests techniques et réglementaires. En effet, au début de la conception en 2019, ce mode constructif était limité à des constructions de R+2 dans les règles professionnelles. Le projet a donc dû garantir la sécurité incendie, la résistance sismique, la résistance à l’eau, etc. Après cinq ans de tests, le système produit par Wall Up et mis en œuvre par Aux Charpentiers de France a été validé par le CERIB, ouvrant la voie à d'autres projets similaires en France. C’est notamment la structure poteau-poutre en bois dissociée des modules de façade autoportants et les corniches en façade qui ont permis d’obtenir un avis de chantier validé par le bureau de contrôle Socotec, basé sur l’essai de laboratoire du LEPIR réalisé par Construire en Chanvre, permettant d’être assurable. Un vrai travail d’équipe

En plus de l’aspect biosourcé, ce projet intègre aussi un volet réemploi, puisque la moitié les logements seront revêtus de planchers issus du réemploi, dont le gisement a été identifié par Cycle Up.

Un grand merci à tous les acteurs du projet de nous avoir ouvert les portes de ce chantier emblématique du changement d’échelle de la construction biosourcé !

Quelques clés de la réussite du projet

  • Dessiner avec les spécificités du matériau chanvre au plus tôt de la conception, en tenant compte aussi bien de ses limites règlementaires que de sa grande plasticité permettant notamment des murs courbes.
  • Coopérer entre acteurs a été essentiel. D’une part l’équipe de maîtrise d’œuvre a su s’adjoindre les compétences et l’expertise de CAN-IA sur le béton chanvre, et d’autre part la co-maitrise d’ouvrage a partagé le risque lié au process en Technique Non Courante.
  • Intégrer le temps long des études pour un temps de chantier plus court (24 mois de chantier prévu).
  • Concilier les ambitions pour garantir l’économie du projet : pour maintenir les ambitions sur le bâtiment principal en béton de chanvre, il a fallu renoncer sur les bâtiments annexes en maçonnerie traditionnelle.

Les acteurs du projet

  • MOA : ICEO et BATI Nantes
  • Architectes : RAMDAM et PALAST
  • Entreprise charpente et façade : Aux Charpentiers de France
  • Fournisseur modules béton de chanvre : Wall Up
  • BET béton de chanvre : CAN-I-A

Caractéristiques du projet

  • Coût de construction : 2 400 €/m² (y compris infrastructure)
  • Surface de plancher : 8 000 m²
  • Programme : Logements (1/3 PLS, 1/3 résidence principale, 1/3 libre) et commerce en rez-de-chaussée
  • Mode constructif : structure ossature bois, panneaux de béton de chanvre préfabriqués en façade, dalle CLT, panneaux ossature bois entre les loggias et les appartements, isolation Biofib Trio, noyaux et RDC béton

Focus sur le béton de chanvre préfabriqué

Bien qu’un ambition forte du projet, le choix du béton de chanvre était loin d’être une décision facile ! En effet, lors du premiers déport du projet en 2019, c’est plus de 130 points techniques qui sont suspendus et qui ont dû faire l’objet d’études pour garantir la conformité du processus. En effet, lors des début du projet, les règles professionnelles de la construction en chanvre ne permettaient de construire que jusqu’au R+2 ! En 5 ans, de nombreux tests ont dû être réalisés afin de garantir l’assurabilité du bâtiment : sécurité incendie, sismique, résistance aux fissures, protection à l’eau… C’est seulement en commençant le chantier que les derniers tests ont pu être réalisés et que l’ensemble des points techniques ont pu être validés. Le système constructif bénéficie maintenant d’un droit d’assemblage accordé par le CERIB, et les tests réalisés pourront bénéficier au reste de la filière chanvre, les règles professionnelles étant encore en constante évolution. De nouveaux projets qui s’inspirent de ce processus sont déjà en cours de conception en France.

Techniquement, il a fallu redoubler d’ingéniosité pour que le projet puisse voir le jour. Puisque les panneaux de façade en béton de chanvre préfabriqués ne pouvaient pas aller au-delà du R+2 pour des raisons structurelles, la structure poteau-poutre bois du bâtiment est dissociée de la structure autoportante de chaque module de façade. Afin de garantir la stabilité au feu entre les étages et la protection à l’eau, une corniche dessine la démarcation entre les étanches, tout en rappelant le dessin de façade stratifié de la caserne.

Concernant la mise en œuvre, les modules sont préfabriqués en usine par Wall Up en Seine-et-Marne en 8 à 12 semaines. Chaque module est fabriqué sur mesure en suivant un gabarit d’ossature bois, côté intérieur une plaque Defentex de Siniat permet de gérer l’humidité du béton de chanvre, côté extérieur 30 cm de béton de chanvre coulé. Des rosaces garantissent la résistance aux fissures du mur. Les modules sont ensuite transportés sur chantiers et posés avec une grue, puis la couche finale de 20 mm d’enduit est ensuite faite directement sur le chantier.

En plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre des matériaux du projet, le béton de chanvre a de nombreux avantages sur le confort des occupants. Bien qu’en extérieur des logements, il contribue légèrement au confort hygrothermique en régulant l’humidité. Mais surtout, il améliore le confort d’été en apportant de l’inertie dans les murs et en favorisant le reprise de la vapeur d’eau dans la paroi.