En novembre dernier se tenaient les 9èmes Assises de la Construction en Terre crue. Une des table ronde proposée était organisée autour du projet de recherche Murterfeu porté par le Projet National Terre ; un projet destiné à évaluer le comportement de murs à base de terre crue au cours d'un incendie.

Ce projet fait partie d'un des axes constituant une étape marquante pour la normalisation, régularisation de l'usage de la Terre Crue et l'élaboration de nouvelles Règles Professionnelles : bref, une grande avancée pour la filière !

L'occasion de prendre des nouvelles de Murterfeu, un an et demi après le lancement du dossier de réponse à l’appel d’offre de l’Ademe par lequel il est financé.

« Il y a encore beaucoup d'aspects sur lesquels il faut travailler car la construction en terre crue s'est arrêtée au moment où l'on a commencé à normer et à réglementer le secteur de la construction. Donc toute la filière a raté le virage réglementaire de l'Après Seconde Guerre Mondiale. »

Erwan Hamard

Lancement du projet Murterfeu

Le projet Murterfeu a été lancé officiellement le 4 juin 2024 dans le cadre du Projet National Terre. Il est doté d'un budget de presque un million d'euros, se tiendra sur 3 ans, et réunit 4 laboratoires académiques, 2 laboratoires agrées, et 1 représentant des Professionnels.

La première étape consiste à déterminer le terrain d'enquête, en englobant le plus de techniques constructives en terre possible. L'objectif, élargir le recours à la terre comme matériau, notamment au travers de bâtiment public. Actuellement, de grandes catégories ont été ciblées :

  • Les techniques non fibrées ou faiblement fibrées potentiellement porteuses (pisé, briques de terre crue, bauge)
  • Les techniques moyennement et fortement fibrées en remplissage (terres allégées, mélanges fibrés, terre-paille, torchis, enduits, plaques)
  • mais aussi une diversité d'argiles, de matériaux (fibres végétales, agrégats) et de modes de fabrication (usine, atelier, sur chantier)

Le projet concourra à la rédaction les Appréciations de Laboratoire (APL) pour les techniques les plus courantes permettant leurs validations selon la réglementation.

« Pourtant, nous savons depuis des siècles que la terre assure la protection au feu »

Marie Aeberli

Tests à échelle réduite, échelle 1

Aujourd'hui, les acteurs du projet déterminent les terres et techniques constructives qui seront testées, et les fabricants qui seront sollicités.

Par la suite, les laboratoires académiques mèneront des essais à échelle réduite pour déterminer les meilleurs cas.

Dans un troisième temps, ils réaliseront des essais plus représentatifs à une échelle moyenne pour en tirer des produits formels qui seront eux testés à échelle 1.

Les tests de réaction au feu des matériaux, de résistance au feu des parois, et de stabilité au feu des structures porteuses, ainsi que de protection au feu par écran thermique, devront aboutir à la rédaction des appréciations.

De la terre aux humains : l'intelligence collective

Derrière l'importance que revêt cette enquête pour la filière, la table ronde organisée lors des 9èmes Assises de la Construction en Terre crue s'est centrée sur sa dimension humaine, condition sine qua non de son aboutissement : l'objectif était est alors de favoriser et assurer la collaboration entre les acteurs du projet, des laboratoires académiques, laboratoires agréés et des Professionnels.

De définir une méthode de travail qui permette d’atteindre l’objectif commun (APL) et les attendus de chacun, dans le cadre des contraintes et craintes de chacun.

Bref, le projet Murterfeu est entre de bonnes mains !