
Une promotion immobilière de dimension humaine | Rencontre avec Eva GUILLEMOT, Groupe GIBOIRE
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Témoignages

Bonjour Eva GUILLEMOT, comment allez-vous dans cette période de crise sanitaire, doublée d’incertitudes économiques, sans oublier la crise climatique qui s’accentue ?
Dans l’ensemble cela va bien, voire très bien.
Du point de vue côté de la crise climatique, je dirais que je me sens proche des 75% des 16-25 ans qui se sentent effrayées par l’avenir, mais grâce à mon métier, j’ai la chance d’être dans l’action, et d’avoir l’impression d’agir utilement face aux différentes crises auxquelles les prochaines générations, dont la mienne seront confrontées.
Ces derniers mois ont été riches à titre personnel, car je viens de concrétiser un stage de fin d’études par une embauche au sein du Groupe GIBOIRE. J’ai signé mon CDI hier en tant que cheffe de projets développement durable.
Pouvez-vous vous présenter, vos 3 points forts personnels et professionnels ?
Mes trois points forts sont aussi mes pires défauts, mais c’est ce qui m’a permis de devenir ce que je suis aujourd’hui.
Le premier point fort, je dirais que je suis quelqu’un d’engagée, voire de militante. Cela a été le cas dans la sphère associative étudiante. Cet engagement qui se traduit par une volonté d'agir en fonction de mes convictions m'a permis plusieurs fois de réaliser des choses dont je suis fière aujourd'hui.
Je suis aussi quelqu’un d’honnête et de franc, ce qui me place parfois dans des situations inconfortables, mais qui me permet d’avoir des liens forts, sans langue de bois, et donc dans l’ensemble d’avoir des relations saines avec les autres.
Enfin, j’ai une certaine aisance à communiquer, à écouter, à vulgariser les propos pour construire le débat. Le poste que j’occupe aujourd’hui m’amène à aller au-devant des autres pour accompagner le changement pour tous, c’est plus pratique quand on aime communiquer.
Pouvez-vous nous raconter comment avez-vous intégré le Groupe GIBOIRE ?
Mon parcours professionnel est court, je n’ai pas encore 25 ans.
Je sors de l’INSA de Rennes, comme ingénieure généraliste en génie urbain. J’ai été formée en structure, en béton, et aussi en urbanisme, en gestion de l’eau, sur les déplacements, etc. Ma première expérience au sein du Groupe GIBOIRE, était en tant que stagiaire chargée d’opération junior. J’ai découvert à cette occasion les métiers de la maîtrise d’ouvrage, sujet qu’on aborde peu à l’INSA.
L’année suivante, j’ai fait un stage de conduite de travaux dans une entreprise de BTP, je me suis rendu compte que je n’étais pas vraiment faite pour ça.
Pour la fin de mon parcours d’étudiante, on était entré dans la période COVID et ma mobilité en Argentine avait été annulée. J’ai donc décidé de poursuivre ma 5e année en alternance avec pour objectif d’ouvrir le champ des possibles sur les sujets de la construction durable. J’ai alors simplement fait une publication LinkedIn pour trouver un employeur.
François RENOULIN qui avait été mon supérieur chez GIBOIRE a remarqué ce message et m’a demandé d’assurer le suivi d’une opération mixte bois-béton en duo avec un collègue. Comme mon diplôme d’ingénieure ne m’avait pas beaucoup donné d’éléments sur les modes constructifs alternatifs, j’ai suivi pendant cette période plusieurs MOOC, notamment sur les matériaux bio sourcés.
Ensuite tout est allé très vite, ma curiosité m'a amenée à questionner le groupe sur ses habitudes de construction. Grâce à des managers à l'écoute, j'ai fait de ces questions un sujet de mémoire de fin d'études, pendant les 6 derniers mois de mon parcours. J'ai donc pu lancer avec les équipes des expérimentations sur ces sujets, rencontrer des acteurs, engager des discussions. Ce travail doublé d'un besoin de compétences en interne pour porter et travailler en profondeur les sujets liés à la construction durable, a amené le groupe à créer le poste de Cheffe de projet construction durable que j'occupe aujourd'hui
Et voilà une belle aventure de stagiaire curieuse qui se termine, et une autre qui s’ouvre !
Pouvez-vous présenter le Groupe GIBOIRE ?
Le Groupe GIBOIRE est un des principaux promoteurs immobiliers du grand Ouest avec une implantation historique en Bretagne et en Pays de la Loire et une présence significative dans la région parisienne depuis 2017. C’est un groupe presque centenaire dont le capital est 100% familial. Outre sa position forte sur les métiers de promotion et d’aménagement, le groupe intervient aussi sur des métiers de services immobiliers (transaction, gestion locative, syndic).
On ressent beaucoup le côté familial dans le groupe. Et là où l’image familiale pourrait paraître conservatrice vu de l’extérieur, ce que je retiens personnellement, c’est que ce volet humain permet justement de faire émerger assez facilement de nouvelles idées.
De plus, on retrouve dans le Groupe GIBOIRE une culture d’ingénieurs très techniques et très concrets, ce qui correspond bien à ma propre culture acquise à l’INSA, c’est aussi une des raisons pour lesquelles je m’y sens bien.
Quel est votre rôle, votre contribution au sein du Groupe GIBOIRE ?
Je suis cheffe de projets construction durable.
Au quotidien, j’occupe un rôle transverse, en étant rattachée à la direction technique, au sein de l’activité promotion. J’accompagne les équipes depuis la conception jusqu’à la livraison, sur tous les sujets développement durable, sur l’ensemble des territoires.
J’interviens en conseil et en appui opérationnel, soit en répondant à une demande interne ou en étant force de proposition : je réalise par exemple des notes d’orientation au moment des concours. J’apporte aussi un point de vue critique sur ce qui est proposé par les bureaux d’études et la maîtrise d’œuvre.
Je réalise par ailleurs de la veille technique et réglementaire sur les sujets de la construction durable. Ce qui m’amène à vulgariser ces questions à l’intention des équipes, par des interventions orales ou écrites.
Je joue également un rôle de référencement d’entreprises dans la perspective de certaines expérimentations que nous projetons.
Et enfin, je contribue aux travaux de réflexion sur le "bas carbone" et sur la transition écologique menés au sein du Groupe Giboire, avec pour objectif de faciliter la conduite du changement au sein de l'entreprise.
En définitive, je suis un peu touche-à-tout, comme une sorte de Shiva du développement durable !
Demain, avec de nouvelles orientations stratégiques en cours de construction, on pourra me voir un peu plus comme une cheffe d’orchestre de développement durable, chacun jouant sa partition.
Equipe du groupe GIBOIRE en cours de réalisation d'une fresque de la construction
Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?
Les éléments différenciants du Groupe GIBOIRE portent sur ses valeurs humaines, sa solidité centenaire, due à un sérieux avéré et au soin apporté aux finitions et à la qualité des logements. Nous laissons une place forte à la liberté architecturale, et au suivi des clients.
Nous sommes capables d’autofinancer nos projets. Aussi, nous lançons des projets « en blanc », sans commercialisation préalable, et nous pouvons porter des fonciers sur des temps longs grâce à la robustesse financière du groupe.
Comme nous sommes une structure familiale à échelle humaine, les circuits de décision sont très courts et donc extrêmement réactifs, je suis par exemple physiquement à une porte du décideur !
Par notre double casquette d’aménageur et promoteur, nous avons développé des relations privilégiées avec les territoires. Je veux aussi souligner la synergie entre nos métiers qui nous apporte une vraie force. Par exemple, la gestion locative ou le métier de syndic nous apportent beaucoup de retours sur les usages, ce qui est très utile au quotidien dans notre métier de promoteur.
Paris Venelles - Aménageur : Paris Batignolles Aménagement - Maître d'ouvrage : Groupe GIBOIRE - Architecte : LA Architectures
Quelles sont les 2-3 réalisations dont vous êtes le plus fier ces 5 dernières années ?
Nous sommes plutôt être fiers de ce que nous avons fait récemment à Paris, comme le projet Paris Venelles. C’est un projet bois, niveau 3 en biosourcés et E2C2. C’est le projet multi-label qui intègre de nombreux éco-matériaux. Ce programme a une dimension pilote sur lequel nous allons nous appuyer pour d’autres projets.
Il y a aussi Métamorphose, lauréat d’Imagine Angers, qui propose une forte mixité urbaine.
On peut évoquer à Nantes le projet Îlot Saupin qui est E3C1, avec une façade ossature bois, et de la mixité urbaine et d’usage. Ce bâtiment a tout pour devenir un lieu vivant, attractif et novateur.
Renaissance - Ancienne CPAM - Vannes (56) - Maître d'ouvrage : Groupe Giboire - Architecte : agence Latitude
J’ai un coup de cœur pour le projet Renaissance à Vannes, qui consiste à réhabiliter un bâtiment tertiaire en logement, avec notamment une tour de 12 étages. C’est pour nous un premier pas pour réduire l’impact carbone des projets du Groupe GIBOIRE et de poser un premier jalon dans la reconstruction de la ville sur elle-même. C’est assez symbolique des changements de nos façons de construire, avec aussi un travail sur la biodiversité. Nous allons par exemple rouvrir un ruisseau qui avait été enterré.
Ce que je retiens de ces projets, c’est que le Groupe GIBOIRE, qui est très sécurisant dans son approche technique, a envie d’aller de l’avant pour mieux construire, et le montre tous les jours.
Quelle place accordez-vous à l’innovation et à la R&D ?
Il y a deux approches, en interne les équipes sont en écoute, et expérimentent sur leurs projets, avec une volonté d’amélioration continue avec les partenaires et au service des clients. Nous avons des espaces de discussions dédiés à l’innovation et aux partages d’idées et ces dernières peuvent faire l’objet d’une étude plus poussée, ou d’une mise en œuvre opérationnelle.
Cette démarche est en voie de structuration en interne avec des objectifs concrets d’innovation.
Métamorphose - Angers (49) - Maître d'ouvrage : Groupe GIBOIRE - Architecte : Hamonic + Masson & associés -
Votre structure intègre-t-elle une démarche d’atténuation, d’adaptation, de transformation, face aux dérèglements climatiques ?
Je voudrais dire que le groupe a toujours a été engagé sur ces questions, mais de manière discrète. Nous ne communiquons que ce que nous ne maîtrisons parfaitement, et de ce fait, nous avons peu communiqué sur des expérimentations ou des projets pilote.
Nous avons par exemple côté promotion des guides de bonnes pratiques opérationnelles très complets concernant la biodiversité et la place laissée au vélo, cela permet d’orienter favorablement les projets.
Nous réalisons actuellement des expérimentations sur les déchets, le réemploi, la gestion de l’eau, les énergies renouvelables, avec à chaque fois des retours d’expériences en interne.
Certaines pratiques ont dépassé le stade de l’expérimentation et sont devenues quasi systématiques. Nous avons un partenariat avec la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) qui réalise des diagnostics des sites sur lesquels nous prévoyons des opérations, ce qui nous permet d’intégrer la biodiversité dans les projets. Dès que possible, nous mettons en place des jardins partagés avec l’accompagnement d’associations, qui vont animer et créer du lien entre les occupants pour faire vivre nos bâtiments dès la première année.
Côté aménagement, nous avons réalisé plusieurs écoquartiers labélisés. La démarche de la zéro artificialisation nette est déjà une « culture commune » dans nos aménagements, nous travaillons désormais sur l’accroissement net de la biodiversité dans certaines de nos opérations.
Autre point, le groupe dispose d’une flotte de vélos et de véhicules électriques à disposition des équipes pour leur déplacement de courte distance. Et pour tout dire, nous avons un groupe de travail interne sur le zéro déchet qui s’est créé dernièrement.
La réflexion autour de la transition énergétique et de la réduction de notre impact écologique s'accélère depuis quelques mois. L'entreprise est plus que jamais mobilisée pour déployer durablement ses activités et ses ressources en tenant compte des contraintes multiples de notre environnement. L'année 2022 va nous permettre de poser les bases de la structuration de nos actions en ce sens.
Ilôt SAUPIN - Nantes (44) - Aménageur : Nantes Métropole Aménagement - Maître d'ouvrage : Groupe GIBOIRE - Architecte : Lina Ghotmeh Architecture
Pourriez-vous nous faire part d’engagements que vous avez pris personnellement en faveur des questions climatiques ?
Pour prendre une métaphore cycliste, je suis sur un plateau 3 dans mon travail, et un plateau 1 à titre perso.
Je change mes habitudes de consommation (en diminuant par exemple la consommation de viande) et je viens travailler en transports en commun. Mais j’ai bien conscience que c’est par mon action professionnelle que j’ai le plus grand impact.
Il n’y a pas encore beaucoup de promoteurs immobiliers qui disposent d’un poste à temps complet sur la construction durable. Vous avez conscience de cette singularité ?
Mon poste s’est imposé naturellement. Les collectivités créent des chartes sur le développement durable tous les matins, la réglementation change avec notamment la RE2020, il y a des envies qui émergent de la part des clients, il devient stratégique de porter en interne ces sujets.
Ce que je trouve passionnant dans la construction durable, c’est la diversité des profils qui travaillent sur ces thématiques, parfois avec une très forte expertise, mais en définitive, on se sent tous un peu novices. Il y a une vraie bienveillance entre collègues, car le but nous dépasse.
Pour autant, j’ai conscience qu’un poste comme le mien peut mener à du Greenwashing. Je me suis fait la promesse que je ne cautionnerai jamais le Greenwashing.
Quelle vision portez-vous sur l’avenir du bâtiment, de la ville, des aménagements ?
J’ai envie d’être optimiste.
Je suis optimiste, et je suis aussi réaliste. La transition écologique du BTP n’est pas encore certaine, j’ai envie de croire à la prise de conscience des enjeux climatiques dans notre secteur. La RE2020 est un premier pas, une volonté politique qui évolue, cela amène les promoteurs à adopter des chartes développement durable. Je vois émerger des nouvelles filières qui vont se structurer et prendre leur place petit à petit, je pense à l’économie circulaire et aux matériaux bio et géo sourcés.
La ville va se reconstruire sur elle-même, avec un volet social important, il nous faudra inclure les habitants pour renforcer l’acceptation des projets.
Le dérèglement climatique ne va pas nous attendre, nous devons donc faire évoluer assez rapidement nos pratiques pour que la ville reste vivable. C'est à des acteurs comme nous, promoteurs, d'être porteurs de ces évolutions et de contribuer à créer des ponts avec les filières émergentes et à massifier des pratiques encore peu communes pour parvenir à un certain équilibre, que l'on pourrait appeler résilience du territoire
Une question justement sur votre territoire. Quel est votre port d’attache ? est-ce que vous pouvez décrire votre relation à ce territoire ? Ce qu’il vous apporte ? Ce que vous lui apportez ?
Mon territoire, c’est Rennes, j’y ai passé 20 années sur 24, mais aussi le Morbihan. Rennes est une ville à taille humaine, j’y ai beaucoup de souvenirs, de lieux qui m’ont marquée. Elle m’apporte ce sentiment d’être « chez soi ».
Je ne crois pas lui avoir encore beaucoup apporté, mais j’espère pouvoir avoir un autre discours dans quelques années, je lui dois bien ça !
Auprès de qui ou de quoi allez-vous puisez votre énergie quand vous en avez besoin ?
Cela dépend des situations. Il y a toujours ma famille, mon compagnon, je sais qu’ils sont là. J'ai aussi la chance d'avoir de bons amis très à l'écoute et sources d'inspiration et de motivation, ils sont très engagés.
Et puis pour se ressourcer, il y a aussi la solitude, la feuille blanche, écrire, peindre, ou aller à la mer du côté la côte sauvage de Quiberon prendre le vent et écouter les vagues.
Et le pas-de-côté que vous n’avez pas encore fait, et que vous aimeriez faire ?
Ce sera sans doute un jour d’ouvrir quelque chose comme une recyclerie, troc-plantes, café, friperie, écolo-féministe sorte de tiers lieu catégorisé un peu « écolo bobo » peut-être, qui me ressemble, sans doute, pour permettre aux gens de se rencontrer. Un lieu qui fourmillerait de projets et d’idées. Un lieu de l’intelligence collective qui fasse sens à l’échelle d’un quartier. Cela me permettrait d’être complètement alignée sur l’ensemble de mes valeurs. Je le garde pour plus tard, quand j’aurais quelque part fait le tour de ce que j’ai à apporter en tant qu’actrice du monde de la construction.
Vous êtes membre de Novabuild, quels bénéfices en retirez-vous ?
Je suis consciente de tout ce que cela peut m’apporter.
Déjà, je voulais vous dire merci de m’accueillir. NOVABUILD est un réseau très bienveillant avec des gens qui partagent nos valeurs, des expériences et des points de vue variés qui permet de s’enrichir. C’est ce fourmillement d’idées et d’énergie positive qui émane du réseau qui me motive.
J’ai participé au groupe de travail « béton granulat recyclé » de NOVABUILD, et on voit apparaître l’intérêt du collectif bien au-delà de nos intérêts d’entreprise.
J’ai hâte de m’investir encore plus dans les activités de l’association.
Pouvez-vous raconter une belle rencontre que vous avez faite avec Novabuild ?
J’ai rencontré les collègues du GT « béton granulat recyclé ». J’ai été ravie de faire leur connaissance. Ce sont des gens super humainement. Mon âge n’était pas une question, ils m’ont intégré au groupe tout naturellement. Ils m’apprennent et je me nourris d’eux. Ce qui m’a marqué c’est cette compétence pure. On a à faire à des gens extrêmement pointus qui partagent leurs connaissances. C’est très précieux.
Je vous remercie d’avoir bien voulu répondre à nos questions.
Propos recueillis par Pierre-Yves Legrand, directeur de Novabuild, le 7 janvier 2022
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