
Rencontre avec Hélène Pradère, architecte
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Adhérent
NOVABUILD
Hélène Pradère
Architecte
Nantes (44200)
Témoignages

Bonjour Hélène PRADERE, comment allez-vous?
Je suis en confinement comme tout le monde. Le confinement a l’intérêt de mobiliser des gens qui produisent du contenu, auquel on peut avoir accès à l’heure qu’on souhaite. On prend le temps de se consacrer à des choses qui n’auraient pas été prioritaires dans une autre situation. Je le vis bien, cela tombe plutôt à un bon moment dans mon projet professionnel où j’ai cherché à faire une pause pour préparer quelque chose de nouveau.
Pouvez-vous vous présenter, vos 3 points forts?
Aujourd’hui, je suis en conversion, et je crois que c’est un point fort. J’ai travaillé à l’agence d’architecture nantaise AD HOC architecture pendant 11 ans et j’ai eu besoin d’autre chose. J’échafaude mon projet et je le réarme.
Je suis ultra convaincue de la rénovation énergétique, qu’il faut la croiser avec la question du logement abordable et donc la découpler de la question financière. Il faut à mon sens engager le moteur mouvement, en évitant la financiarisation immobilière.
Je suis architecte. Et j’ai été formée à être polyvalente, notamment chez AD HOC architecture, avec une spécificité dans le relationnel et le prospect.
J’aime le chantier, notamment la sensation de faire équipe est quelque chose qui me booste.
Comment avez-vous imaginé ce nouveau projet?
J’avais besoin de retrouver la niaque. Je suis aussi maman et je cours après le temps. J’ai eu besoin de prioriser.
Je voudrais que mon projet soit un rêve très ample, pour lui garder son ampleur quand je serai revenue dans le concret. J’ai envie de travailler sur la rénovation performante en tant qu’architecte, en lien étroit avec les entreprises.
Pourquoi selon vous la massification de la rénovation n’a pas encore démarré?
L’immobilier est cher. Une fois que les gens ont acquis un bien, ils ne peuvent pas toujours s’occuper de la thermique. Et quand ils s’en occupent, c’est souvent sans accompagnement et sans vision globale, et donc sans la performance qu’apporterait la priorisation. L’enquête TREMI de l’ADEME en 2017 révélait que seulement 5% des rénovations réalisées avaient un impact important sur le DPE (saut de 2 classes ou plus).
Beaucoup de gens préfèrent encore faire construire, ils s’imaginent qu’ils vont avoir une maison « à leur image» , on survalorise le neuf au détriment de la rénovation. On survalorise le côté personnalisé du neuf, qu’on peut en fait trouver aussi dans la rénovation. En communication, il y a du taf, cependant la plateforme FAIRE, et les campagnes de communication locales et nationales qui l’ont accompagnée, engagent les choses dans le bon sens.
Vous pouvez nous dessiner les contours de votre projet?
J’ai fait beaucoup de marchés publics. On dessine tout, les détails, et quand arrive l’entreprise, elle apporte ses idées et elle ou l’archi redessine les détails : l’entreprise arrive trop tard. L’artisan est le point clé de la performance. Je cherche une relation étroite en amont avec des artisans, et aussi en aval pour s’adapter ensemble sur les chantiers. J’ai envie de valoriser le fait qu’on a de bons artisans.
Notre métier est beau par cet esprit d’équipe, avec ça on peut tout renverser. Des chantiers avec des entreprises exigeantes, qui ont envie de faire du bon boulot, c’est la clé! Quand on leur propose une opération dont on peut être fiers, alors on obtient des choses énormes.
L’idée serait de transposer la logique de groupements coopératifs qui existe pour le neuf en rénovation. Peut-être même de proposer à chacun de ne pas forcément dépendre d’un commanditaire, de permettre aux entreprises de générer une partie de leur travail par elles-mêmes.
Et si nous faisions un petit voyage dans le temps, nous sommes en 2025, vous avez réussi, à quoi ressemble votre projet?
C’est un collectif d’entreprises qui a fait en sorte que rénover soit aussi facile accessible que d’acheter ou de faire construire.
Quelle place accordez-vous à l’innovation et à la R&D?
L’innovation, cela s’anticipe. Jean-François Leroy, fondateur de l’agence AD HOC, a toujours eu une longueur d’avance que l’on intégrait à la stratégie de développement. Travailler sur l’innovation à mon sens, c’est prendre part par exemple à Novabuild, qui est un anticipateur de tendances. Le temps que j’ai aujourd’hui, c’est du temps qui est en fait consacré à anticiper la manière de favoriser l’innovation dans l’ADN même de ce projet.
Pour un architecte, l’innovation c’est aussi communiquer, créer le récit de ce qui doit être fait avant le projet. Dans une certaine mesure, il faut revendiquer des choses, des compétences qu’on n’a pas encore mises en pratique, en s’assurant que c’est faisable, mais en se donnant des lignes en partie inconnues.
Votre projet intègre-t-il une démarche d’atténuation, d’adaptation, de transformation, face aux dérèglements climatiques?
La question du climat est toujours là, dans mes projets. J’ai envie d’une conception raisonnable, visant les objectifs de neutralité carbone à 2050. Le zéro artificialisation nette va dans le sens du climat et encourage la rénovation car elle est déjà en soi une atténuation. Je suis aussi en train de me former au réemploi, notamment sur l’assuranciel. Il y a des usages anciens sur lesquels il faut s’appuyer et qui peuvent être inspirants.
Notre rôle, en tant qu’architecte, est d’embarquer de la performance carbone et énergétique dans les projets, même si ce n’est pas demandé explicitement par le commanditaire. Il faut l’apporter autrement, en parlant par exemple du confort. Chacun voit midi à sa porte. En disant que le carbone est plus important que tout le reste, on ne convainc pas forcément, il faut donc l’aborder autrement.
Vous êtes membre de Novabuild, quels bénéfices en retirez-vous?
Pleins!
Je connais Novabuild depuis longtemps. J’ai eu envie de revenir dans ce réseau. Car cela me permet d’alimenter mon projet. J’étais seule dans mon coin à échafauder mon projet. En adhérant à Novabuild, je me suis sentie réintégrée dans mon milieu après être partie de chez AD HOC.
Il y a l’intégration comme je viens de le dire, mais aussi les lettres de veille, les newsletter, les replay de Cities to Be (j’ai découvert Sylvain Grisot grâce à Cities to Be par exemple), etc.
Il y a France Culture et il y a Novabuild !
Je rajoute que je suis sûre que je vais trouver à Novabuild des entreprises motivées et engagées. Je vais être très attentive à elles, encore plus qu’avant.
Pouvez-vous évoquer pour nous votre plus bel accomplissement professionnel?
Je pense entre autres à une fête de fin de chantier, avec des gars très émus, des larmes aux yeux, le client heureux, cela laisse un super souvenir...
Une belle rencontre avec Novabuild…
Marika Frenette, sûrement. C’est quelqu’un de très inspirant. J’apprécie sa communication, sa façon de dire « on peut tous y aller !».
Y a-t-il autre chose que vous souhaiteriez nous communiquer?
J’apprécie à Novabuild de voir les lignes bouger, que toutes les échelles entrent en synergie et avancent en même temps, comme par exemple les préoccupations urbaines qui émergent actuellement dans les échanges.
Je connais bien Romain MARTEN, qui a intégré votre équipe récemment, dont j’apprécie le regard et l’exigence. Il est pour moi complètement dans l’esprit de Novabuild : il apporte un regard croisé, fait monter des questionnements et suscite des réponses qui surgissent là où on ne les imagine pas. C’est ce qu’on attend d’un cluster.
Propos recueillis le 23 avril 2020 par Pierre-Yves Legrand, directeur de Novabuild
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