
Le dérèglement climatique, en conscience | Rencontre avec Karim SELOUANE, RESALLIENCE
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Témoignages

Bonjour Karim Selouane, comment allez-vous dans cette période de crise sanitaire, doublée d’un début de crise économique, sans oublier la crise climatique qui s’accentue ?
A titre personnel je vais bien, je vais même très bien.
En revanche, le regard que je porte questionne un certain nombre de choses. Je suis un peu inquiet, non pas sur l’avenir, mais sur l’amnésie devant des situations qui se répètent. Nos sociétés occidentales disent vouloir anticiper les crises. Cependant, on voit bien qu’on est toujours dans des gestions d’urgence et que l’on oublie très vite les crises précédentes. A cela s’ajoute le fait que nos crises sont appréhendées en silo, alors qu’elles sont le plus souvent systémiques.
Je suis quelqu’un d’optimiste, même de très optimiste, mais un peu désabusé par les visions de court termes peu enclin avec l’intérêt général avec le « on sait bien et on verra plus tard ».
Pouvez-vous vous présenter, vos 3 points forts personnels et professionnels ?
Je suis extrêmement curieux. Cette curiosité se structure autour de 3 points que sont :
- La rigueur portée sur la technique et les sciences. J'aime bien comprendre. Tant que je n’ai pas compris, je creuse.
- La tolérance est une valeur importante à mes yeux. Elle me permet de trouver l’énergie dans l’altérité, la mixité sociale et culturelle. Je reste convaincu que la diversité est l’un des facteurs de réussite et un gage de mieux. Pour ce faire, il faut accepter les avis contraires, même si ce n’est pas toujours évident, je le concède, et éviter l’endogamie sociale.
- Enfin, sur un plan plus personnel, j’ai beaucoup d’empathie. J’ai pendant très longtemps considéré que c’était un point faible sur le plan professionnel… j’ai accepté de vivre avec et d’en tirer le meilleur, notamment lorsqu’il s’agit d‘essayer de se mettre à la place de l’autre. C’est probablement en résonance avec mon enfance, mes parents sont arrivés dans les années 60 et 70 dans les bidonvilles de Nanterre qui ont été mon quotidien étant petit. Quand les HLM ont été construits dans les années 70/80, il restait encore des poches de bidonville dans les quartiers. Cependant, nous voyions débarquer tous les jours face à nous, à proximité de l’hôpital de Nanterre, les cars du Samu Sociale de la Ville de Paris qui « déposaient » les sans-abris de la capitale. Je jouais dehors et ces moments d’innocence se passaient sous le regard des clochards qui erraient autour de nous. Vous comprendrez que cela m’ait profondément marqué et que cette période ait pu participer à construire ma fibre sociale et environnementale.
Ces trois paramètres, la technique, la tolérance et l’empathie me servent au quotidien, aussi bien à titre personnel que professionnel.
Pouvez-vous nous raconter quel a été votre parcours avant de créer Resallience ?
Je suis docteur ingénieur de l’Ecole Nationale Supérieure des Mines à Paris et de l’Ecole Nationale des Sciences Géographiques ainsi que Géographe de l’Université Paris-Sorbonne.
C’est à la suite de ce parcours que je suis parti au Sahara pendant 4 ans dans un programme de recherche pluridisciplinaire dédié à la modélisation des impacts du changement climatique dans les zones arides et côtières désertiques à travers une étude naturaliste, géomorphologique et géologique. En parallèle, j’avais un contrat pour accompagner le Maroc et la Mauritanie à l’élaboration de leur stratégie d’aménagement du territoire (incluant les infrastructures de transport et énergétiques, la création de villages de pêche ou de sites touristiques) et la préservation des environnements côtiers et des ressources naturelles. Je devais créer des synergies entre mes travaux scientifiques sur le climat et des demandes très opérationnelles.
A titre d’exemple, je tentais de mettre en avant les impacts socio-économiques du changement climatique sur la pêche artisanale. Pour faire simple : le Sahara Atlantique, l’une des zones la plus poissonneuses du monde, tient son équilibre écologique par la conjonction des Upwelling (remontée des courants froids océaniques venus du pôle nord) et les panaches sableux charriés par les Alizés. Or, avec le réchauffement climatique, ces dynamiques atmosphère-océan évoluent dans le temps et l’espace et impacte la production de la zoo-cenose et de la phyto-cenose indispensable au maintien des stocks de poissons. Vous ajoutez à cela le recul du trait de côte et la surpêche hauturière et vous devinez aisément les risques encourus pour le développement régional entre le Sud du Maroc et le Sénégal en grande partie fondée sur l’économie de la mer. Mes travaux devaient, entre autres, permettre d’ajuster les niveaux d’investissements publics pour adapter les stratégies d’aménagements territoriaux.
Par la suite, j’ai intégré pendant 5 ans VEOLIA à la « direction technique, scientifique et du développement durable ». Je travaillais en France et à l’international sur des projets de rénovation de décharges sauvages et de site miniers post exploitation, à la conception de centre d’enfouissement technique, au développement des « bioréacteurs » afin de valoriser les déchets en énergie (biocarburant et électricité) tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Je réalisais également quelques études dédiées aux sites et sols pollués.
Au sortir de VEOLIA, je suis devenu directeur de projets environnement pour le secteur minier et pétrolier au sein de SOFRECO. J’accompagnais les états en Afrique de l’ouest, du Nord et Asie central sur des études d’impact et de renforcement de capacité technique, financés par la Banque Mondiale. Les missions consistaient à gérer la planification et l’estimation des ressources, à garantir un cadre environnemental conforme aux conventions internationales, à négocier les contreparties socio-économiques entre les institutions publiques, les banques de développement et les compagnies pétrolières ou minières internationales.
J’ai ensuite travaillé dans la prospection pétrolière (chez SPIE Oil and Gas). Mais je me suis vite rendu compte que ce n’était plus du tout ce que je voulais faire.
A cette étape, vous pourriez nous dire pourquoi vous avez créé RESALLIENCE ?
J’y viens justement.
J’ai eu l’opportunité de rejoindre VINCI en janvier 2015, d’abord en intégrant SIXENSE, qui accompagne les maîtres d’ouvrage pour surveiller l’état et le comportement de leurs ouvrages. Cela m’a permis d’entrer de plain-pied dans le secteur de la construction. J’ai été sur des chantiers de toutes tailles pour y faire l’occultation, du monitoring, des relevés, etc.
Puis, assez rapidement, en 2015, VINCI Construction France m’a confié le poste de directeur de projets environnement et innovation. Je partais d’une feuille blanche. J’ai donc proposé de regarder l’environnement non pas comme un cadre règlementaire mais comme un levier d’innovation technique et business. C’est ainsi que j’ai proposé dès septembre 2015 de travailler sur le développement d’un nouveau service dédié dans un premier temps à « construire en zone inondable » en France puis, naturellement, j’en suis venu à « la résilience climatique des territoires, des villes et des infrastructures » en France et à l’international, de faire de la résilience un modèle d’ingénierie, ce qui était nouveau.
J’ai tenté, en vain, de pousser entre 2015 et 2017 la création d’une nouvelle direction technique dédiée exclusivement à « l’ingénierie de la résilience » (très connue en Suède et en Angleterre). Ce n’était pas facile, mais, en parallèle, VINCI lançait le programme de prospective et d’innovation LÉONARD très axé business et entrepreneur. Il y a donc eu un alignement de planète plutôt favorable.
J’ai donc dès mars 2017 soumis mon projet « Résilience as a business » (qui, dans les faits, était dans ma tête depuis mon doctorat). En juillet 2017, j’ai pu défendre avec conviction mon projet devant le CODIR et le COMEX du groupe VINCI et faire de la résilience climatique un enjeu corporate de transformation. De juillet 2017 à janvier 2018, je m’y suis consacré à 20% de mon temps (sans compter tous les week-ends, les jours fériés et les vacances), puis à 100% de février 2018 à décembre 2018. C’est le temps qu’il m’a fallu pour structurer l’offre, cibler et contacter les premiers clients à travers la planète et signer mes premiers contrats. J’ai ainsi pu interroger (en Be to Be, visio) 292 clients, prospects à travers le monde.
C’est ainsi qu’est née RESALLIENCE, qui a démarré officiellement son activité le 3 janvier 2019 au sein de SIXENSE Ingénierie (VINCI Construction).
Est-ce que vous pourriez nous présenter RESALLIENCE ?
Il y a derrière RESALLIENCE une conviction personnelle forte : le dérèglement climatique est présent, quoi qu’on fasse pour l’atténuer.
Le changement climatique touche tous les secteurs, toutes les géographies et toutes les classes sociales. J’ai eu l’occasion de voir et de mesurer ses effets physiques, économiques et humains en Afrique, en Asie Central, Asie du Sud-Est, en Australie, au Canada, aux USA, en Amérique Latine et en Europe. On voit clairement les conséquences partout où l’on se rend.
C’est une conscience systémique que j’ai bâtie au fur et à mesure de mon parcours. Il faut maintenant apporter une réponse à la fois technique mais également socio-culturelle.
Toutes les activités humaines sont liées à des infrastructures. Étant chez Vinci, nous pouvons joindre l’expertise de conception, de la construction et de l’exploitation à la connaissance des sciences du climat.
RESALLIENCE est une marque rattachée à SIXENSE Engineering, dirigée par Pascale DUMEZ. Le point commun entre nous, ce sont les infrastructures. Il y a chez SIXENSE une forte expertise en génie civil, géotechnique, geomecanique, monitoring et modélisation.
RESALLIENCE tire en partie sa capacité d’innovation par la diversité des profils qui la compose. L’équipe pluridisciplinaire de RESALLIENCE mélange ainsi des ingénieurs, des universitaires, des docteurs dans les thématiques de l’ingénierie de la résilience, des sciences du climat, de la géographie, de l’aménagement du territoire, du génie urbain, du génie civil et de la géomatique. Nous avons des profils très divers pour être le plus adapté aux réalités de notre monde et ainsi mieux comprendre les préoccupations de nos clients en France et à l’international.
RESALLIENCE est une entreprise d’utilité à impact positif pour l’adaptation aux dérèglements climatiques des territoires, des villes, des infrastructures, des projets et de leurs usages.
Quel est votre rôle, votre contribution au sein de RESALLIENCE ?
J’en suis le fondateur et le directeur.
J’ai pour rôle de développer l’activité et de porter une parole pour répondre à l’urgence de l’adaptation au changement climatique à travers des actions de plaidoyer, de formation que ce soit à l’Assemblé Générale des Nations-Unies pour l’Environnement, dans des villages de pêches en Côte-d’Ivoire, au Maroc avec un parterre d’étudiants africains ou bien encore dans les universités en France, au Maroc ou en Asie du Sud-Est.
Quelle est la ou les cible(s) de RESALLIENCE ? Qu’ont-elles en commun ? Un projet ?
Nous sommes en ce moment sur un projet à Haïti, pays dévasté par des tremblements de terre, des ouragans, des famines et des tensions politiques fortes. Ces événements conditionnent pour partie la gouvernance locale et les capacités de résilience. Nous tentons ainsi d’élaborer avec Expertise France un plan d’adaptation au changement climatique des programmes d’urbanisme incluant le secteur informel des bidonvilles afin de gérer l’urgence sociale.
On a aussi accompagné le Liberia dans le cadre d’un projet avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Nous avons ainsi développé une « plateforme de partage de la connaissance environnementale et climatique » destinée à tous les agents ministériels, les ONG et les enfants. Cet outil expérimental doit permettre d’informer gratuitement l’ensemble des parties prenantes publiques et privés du Liberia par un accès simple et structuré à la donnée et aider à la prise de décision à l’aune du dérèglement climatique par des systèmes de requêtes évolutifs adaptés aux besoins locaux.
A Saint-Louis du Sénégal, nous allons développer avec le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), le SCO (Space Climate Observatory), le CNES et l’Université de Rouen, un système de cartographie et de monitoring multi-échelle (down-scaling ) en partie basé sur les données du spatiale pour « modéliser, évaluer et stresser » les impacts du changement climatique sur l’évolution du trait du côte et les stratégies d’aménagement et d’urbanisme face notamment au risque de submersion marine. L’un des objectifs est d’aider au phasage de relocalisation des infrastructures, des bâtiments et des activités en tenant compte des enjeux socio-économiques et culturels.
Vous évoquez de nombreux projets à l’international, plutôt dans des situations extrêmes et fortement touchées par les dérèglements climatiques. Nous avons l’impression que le caractère tempéré du climat et de la géographie française, et en particulier des Pays de la Loire, nous permet d’échapper à ces situations extrêmes. Est-ce que votre savoir-faire est réservé à ces situations extrêmes ou peut-il être adapté à nos territoires tempérés ?
La question des cas extrêmes est une question de point de vue. Pour les Caraïbes ou les pays d’Asie du Sud-Est, on oublie que ce sont des territoires touchés régulièrement et depuis longtemps par des épisodes intenses, et de ce fait, les populations ont la culture du risque plus élevée et potentiellement des capacités de résilience plus fortes que des régions tempérées. A ceci près que les régions tempérées ne sont pas homogènes face aux risques. Nous pouvons citer les épisodes Cévenole qui chaque année s’intensifient dans le Sud-Est de la France…. Ou alors les tempêtes plus puissantes et nombreuses à l’automne sur la façade atlantique et le Grand-Ouest de manière générale (et donc la région nantaise)…
Ce qui ici est en jeu, me semble-t-il, c’est le niveau d’acceptabilité sociétale du risque climatique et des incertitudes qu’il comporte (lié à l’évolution des mises à jour des scenarios du GIEC). C’est pour tenter de répondre à cette problématique que nous développons avec le soutien de la Fondation FEREC un outil de dialogue et de modélisation pour cartographier les niveaux d’acceptance sociale des parties prenantes des territoires pour concevoir des stratégies d’adaptation au changement climatique des infrastructures de transport. Nous présentons nos premiers résultats en novembre 2020 devant l’IREX, Institut pour la recherche appliquée et l’expérimentation en génie civil, et la Fondation FEREC.
Autre exemple, nous avons co-développé avec la CDC Habitat, un "outil de diagnostic de Performance Resilience" (DPR) pour adapter leur patrimoine immobilier au changement climatique. L’outil a été conçu de manière évolutive de sorte à être spécifique au CAPEX et OPEX de la CDC Habitat et de tenir compte des mises à jour des données du GIEC et du bâti. Nous y avons ainsi modélisé 14 variables climatiques et 3 scenarios du GIEC à l’échelle communale, de l’îlot et du bâtiment sur l’ensemble de la France métropolitaine et DROM COM. Notre objectif est de pouvoir répliquer cette démarche auprès d’autres gestionnaires public et privé de patrimoine immobilier, mais également auprès de collectivités.
Quelle est votre perception des Pays de la Loire au regard des déréglements climatiques ?
Pour les Pays de la Loire, le piège est celui de la transformation lente des changements climatiques. Et, en plus de cette évolution graduelle, la région n’est pas à l’abri d’un cas extrême. Quand on travaille sur un territoire comme celui-là, on distingue les scénarios lents et le repérage de risques extrêmes potentiels.
Nous avons accès à toutes les données mondiales sur le dérèglement climatique. Nous avons plusieurs climatologues dans l’équipe qui font travailler en synergie les approches d’ingénierie, de génie civil, de climatologie et de sciences humaines, car l’humain est crucial.
Cela nous arrive d’être confrontés à des études précédentes qui ont pu être menées par d’autres organismes pour anticiper les évolutions climatiques. Ce que nous allons ajouter et qui n’existe habituellement pas, ce sont des paramètres d’incertitude et de variabilité sur le long terme. Nous allons nous focaliser sur des occurrences de crises potentielles. Cette méthode permet parfois d’aller plus loin que ce que les services de météo nationales peuvent restituer, car nous intégrons beaucoup plus de données.
Quelle est votre place sur votre marché ?
Nous sommes les seuls à nous situer à 100% sur la résilience des infrastructures, des villes et territoires. Nous ne faisons que ça et nous bénéficions de tous les outils du groupe VINCI.
Quand on travaille sur les vieillissements prématurés des bâtiments, par exemple, nous avons un outil de mesure du vieillissement du béton, que nous pouvons doubler avec un modèle climatique. Cela nous permet notamment de modéliser précisément l’oxydation du béton suivant les conditions climatiques. C’est une expertise qui est unique.
Quels sont, selon-vous, vos facteurs de réussite de RESALLIENCE ? Vos atouts ?
RESALLIENCE est référencé par les plus grandes organisations internationales (UNESCO, PNUE, PNUD, Banque Mondiale, Global Center for Adaptation, la Commission Européenne) et française (ADEME, AFD, MTE, ONERC, etc.).
J’ai, par exemple, été invité par l’ONU pour parler Résilience à l’occasion de l’UN-Habitat de Nairobi et participer au groupe de travail prospective dédié à « l’adaptation au changement climatique des filières économiques de la France » sous l’égide du Ministère de la Transition Ecologique. J’ai, à cette occasion, également souligné la nécessité du dialogue privé et public dans la recherche de solution d’adaptation au changement climatique.
D’autre part, nous considérons le client avant tout comme un partenaire.
Nous partons du principe que nous ne pouvons pas tout savoir. Aussi, nous favorisons le partage des connaissances et la co-construction de solutions au cas par cas. Chaque projet, chaque territoire, chaque partie prenante est unique, d’où le nom de RESALLIENCE. C’est la conjonction de trois mots : la résilience, l’alliance (des parties partenaires et des savoir-faire) et le tous ensemble (All Together).
Quelle place accordez-vous à l’innovation et à la R&D ?
L’innovation fait partie de notre ADN, au cœur de notre stratégie de développement.
A titre d’exemple, 4/5 de l’équipe sont des docteurs. On travaille beaucoup sur des modélisations systémiques et d’effet domino, sur des chaines de défaillances et de désordre, sur du prédictif et, par voie de conséquences, sur des incertitudes, du contre intuitif (le logique vs l’illogique). Comme dit précédemment, à chaque projet, le contexte est nouveau, il nous faut donc être dans la R&D en continue.
C’est la raison pour laquelle nous nous associons à des centres de recherche au grès des opportunités : le CEA, la Sorbonne, l’Université de Marne la Vallée, EFFICACITY, l’Ecole des Mines de Paris, l’Ecole Nationale d’architecture de Casablanca, l’Université de Copenhague, des Universités américaines (Berkley et New-York) et Asiatique (Singapour, Vietnam, Malaisie), etc. L’innovation est au cœur de notre développement, et même au cœur de nos projets.
Une question maintenant sur votre territoire. Quel est votre port d’attache? est-ce que vous pouvez décrire votre relation à ce territoire? ce qu’il vous apporte? ce que vous lui apportez?
J’ai Paris comme port d’attache, j’y habite, mais aussi l’île d’Oléron.
Je vais souvent à Nantes et en Loire-Atlantique. Pour anecdote, j’y ai passé ma première classe de mer (en CE2), mon BAFA et mon BAFD. Pour financer mes études, j’ai accompagné mes premiers groupes d’enfants en Pays de la Loire, à Ste-Marie sur Mer, à Pornic, à Saint-Nazaire et sur l’île de Noirmoutier.
Je suis passionné par les Pays du Nord et les régions subpolaires. Je vais chaque hiver (hors COVID 19 sic) au-dessus du cercle polaire pour la quiétude et l’introspection. Le grand froid est un univers qui m’apaise à l’instar des grands déserts chauds. A nos latitudes l’absence de neige l’hiver en partie liée au réchauffement climatique m’attriste. Il me manque quelque chose. Pour l'anecdote, au moment de choisir mon sujet de thèse de doctorat, j’avais deux options avec le CNRS : le Sahara ou l’Arctique, j’ai choisi la chaleur pour des raisons plus personnelles liées à mes origines...
Mais, en fait, je me sens bien (presque) partout.
Auprès de qui ou de quoi allez-vous puiser votre énergie quand vous en avez besoin (familier, ami, musicien, artiste, romancier, ville, lieu secret, etc.)?
Il y en a deux, d’abord mon cercle familiale intime, et surtout ma mère. C’est très charnel, rien qu’en la touchant, rien qu’en parlant d’elle, cela m’électrise.
Et puis, je cours, j’ai fait 18 ans de triathlon. Partout où je vais, j’emmène une paire de baskets et je cours. C’est un moyen très efficace pour découvrir les lieux (montagne, village, forêt, villes, etc. ) et c’est en courant que j’arrive à résoudre certains problèmes.
Et le pas-de-côté que vous n’avez pas encore fait et que vous aimeriez faire ?
Je ne connais pas bien cette expression qui doit être une spécificité nantaise.
Pour moi, le pas-de-côté, ce serait de prendre une ou deux années sabbatiques et faire le tour du monde en sac à dos et en vans. Il y a deux aspects, couper un moment le cours de ma vie mais, aussi, aller dans ces espaces qui sont les témoins des évolutions environnementales et climatiques. D’autres l’ont fait, mais ce serait mon pas-de-côté. Je rappelle que les 4 années passées au Sahara restent la plus belle expérience humaine vécue à ce jour.
Vous êtes nouvel adhérent de NOVABUILD, quels bénéfices en attendez-vous ?
J’attends de vous un accompagnement de proximité, même si on est loin géographiquement, pour mener à bien ce projet en Pays de la Loire. Nous cherchons à bien nous implanter à Nantes, à semer nos graines dans cette région, via notre entité-mère SIXENSE Engineering située sur Nantes. Nous avons déjà une antenne à Lyon, bientôt à Marseille, et, j'espère demain, à Nantes.
Nous cherchons à accélérer notre connaissance et notre visibilité en Pays de la Loire.
Une belle rencontre avec NOVABUILD…
Je vous avais rencontré l’année dernière.
J’étais speaker à Cities to Be à Angers. J’ai parlé des villes africaines. J’ai aimé le contact avec les équipes de Novabuild que j’ai trouvé très réactives. J’ai été hyper satisfait de la manifestation très professionnelle.
Et puis, nous avons déposé un projet à votre Appel à Solutions Climat, c’est comme cela que j’échange régulièrement désormais avec Lucie Vidal, cheffe de projets Innovation de NOVABUILD.
Justement, pourquoi avoir déposé une candidature à notre appel à solutions climat?
D’abord, nous avons reçu votre appel et j’ai tout de suite dit « chouette » ! Car cet appel à innovation était au cœur de notre métier.
On a poussé un projet, RESILBUILD, pour être au plus près des territoires. Nous sommes très heureux que votre Conseil Scientifique et Technique nous ait labellisé NOVABUILD.
Je vous remercie d’avoir bien voulu répondre à nos questions.
Propos recueillis par Pierre-Yves Legrand, directeur de Novabuild, le 16 octobre 2020.
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