L'analyse de cycle de vie du projet Solar Phileas par la Chaire Génie Civil et EVEA

Publié le

11/07/2014

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Plusieurs partenaires de l'équipe Atlantic Challenge impliquée dans Solar Décathlon 2014 avec le Projet PHILEAS (la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes-Saint-Nazaire, A.I.A et EVEA), sont également mécènes de la Chaire génie civil éco-construction. La Chaire a donc été sollicitée pour contribuer à l’Analyse de Cycle de Vie du projet Philéas, au travers de l’implication des étudiants en génie civil de Polytech, ainsi que du financement et de l’encadrement, avec l’entreprise EVEA, d’une stagiaire ingénieure. 

L'analyse de cycle de vie du projet Solar -Phileas

 

 

Le retour sur investissement environnemental

 

Au même titre que l’on calcule une durée de retour sur investissement en économie, il est possible de calculer une durée de retour sur investissement environnemental. Pour cela, on se base sur les impacts (coûts) évités pendant la phase d’usage, en comparant un habitant du CAP 44 avec un habitant moyen de Nantes Métropole sur leurs mobilités, leurs consommations d’eau et leurs bilans consommation/production d’énergie.

 

Impacts sur l’environnement

Durée d’amortissement (années)

sans recyclage en fin de vie du bâtiment

Durée d’amortissement (années)

avec recyclage en fin de vie du bâtiment

 
 

Changement climatique

13

10

 

Déplétion de la couche d’ozone

13

6

 

Acidification terrestre

49

14

 

Toxicité pour l’Homme

49

21

 

Pollution photochimique

61

52

 

Formation de particules

79

52

 

Éco-toxicité en eau douce

26

16

 

Éco-toxicité en eau marine

38

15

 

Radiations ionisantes

1

1

 

Occupation d’espace agricole

5 325

5 241

 

Occupation d’espace urbain

26

20

 

Transformation d’espaces naturels

23

15

 

Consommation des ressources en eau

17

15

 

Consommation de ressources en métaux

81

29

 

Consommation de ressources fossiles non renouvelables

14

14

 

Consommation de ressources nucléaires non renouvelables

1

1

 

Un projet qui aurait un impact favorable sur le changement climatique

 

Habiter le CAP44 permet d’éviter rapidement (moins de 20 ans indiqué en vert), des impacts sur le changement climatique, la diminution de la couche d’ozone, les radiations ionisantes, les consommations de ressources (eau, énergie non renouvelable).


Certains impacts seront évités plus efficacement si des efforts de recyclage sont réalisés en fin de vie du bâtiment : acidification terrestre, toxicité humaine, éco-toxicité en eaux douce et marine, consommation de ressources en métaux. Ces efforts de recyclage permettront tout juste d’équilibrer (la durée de vie du bâtiment est prévue pour 50 ans) les impacts générés et évités pour la formation de particules et la pollution photochimique.


L’occupation d’espace agricole lié à la sylviculture (bois de construction) ne sera pas compensé par l’espace économisé par la rénovation d’un bâtiment (au lieu d’une construction neuve en périphérie d’agglomération).
 

Concevoir des bâtiments qui minimisent les consommations des habitants

 

Ces premiers résultats soulignent l’importance de concevoir des bâtiments innovants qui minimisent les consommations de leurs habitants, favorisent la production d’énergie renouvelable. La réhabilitation de bâti ancien, dans des emplacements favorables, qui facilite une mobilité accrue  des habitants par les transports collectifs, génère d’importantes améliorations environnementales.

 


Auteurs : Anne Ventura et Ana Fernandez Campos (chaire génie civil éco-construction), Thomas Peverelli, Pierre Antoine, Stéphane Lepochat et Elodie Péchenart (EVEA)

 

 

(3) Commentaires

Bonjour, Je suis un peu étonné de voir qu'il serait considéré une occupation supplémentaire d'espace agricole pour fournir le bois de construction du projet. En effet, la majorité du bois utilisé dans cette opération provient de forêts Françaises qui produisent de la matière à partir de surfaces forestières majoritairement existantes depuis des décennies et de plus en plus productives, même si quelques hectares sont plantés sur des terres agricoles délaissées chaque année, mais de façon bien moins importantes que dans la période 1945-1990. Serait t'il possible d'avoir vos hypothèses de travail? Bien cordialement Samuel Rialland - Atlanbois
Bonjour, Nous avons été également surpris, et j'ai pris position en ce sens à l'occasion de la présentation de cette étude au Conseil scientifique de la Chaire. Votre question est envoyée à la Chaire et à Evea en vue d'une réponse de leur part. Pyl
Ce résultat provient de deux aspects différents: les données utilisées, et les indicateurs utilisés. Pour les données, il s'agit de données moyennes européennes disponibles dans la base de données écoinvent (malheureusement, la France a sans doute des données mais elles ne sont pas accessibles dans les différentes bases de données internationales, donc pas utilisables dans le logiciel imposé par le règlement du concours). Pour les indicateurs, il s'agit des indicateurs également imposés par le règlement du concours (méthode Recipe). Ces indicateurs prennent en compte l'espace utilisé multiplié par le nombre d'années d'occupation de cet espace. Les espaces sont distingués par "types": naturel, agricole, industriel, urbain... Ces types ne sont pas égaux en termes d'impacts, je veux dire que, dans ce système d'indicateurs, l'espace naturel est considéré comme sans impact, tandis que les autres sont considérés comme ayant un impact. Il y a donc des hypothèses à faire lorsque vous entrez ces données dans un inventaire. Par exemple, nous avons, pour Philéas, sur la base de documents existants, supposé que la réhabilitation d'une surface en zone urbaine, évitait l'occupation d'une surface agricole en zone péri-urbaine (c'est une approximation assez grossière qui mériterait elle-même d'être approfondie). J'ignore les hypothèses prises par les auteurs de l'ACV du bois, mais, si j'en crois ce résultat, elles doivent supposer probablement qu'une partie importante de sylviculture en Europe occupe un espace naturel ou agricole. Vous pouvez trouver le rapport ecoinvent gratuitement sur internet sur le site de ecoinvent (ecoinvent.org). Le calcul de l'espace occupé y est détaillé (page 12) mais il ne spécifie pas quel type d'espace occupé. Ce calcul inclue notamment les infrastructures permettant l'accès aux forêts exploitées pour le bois énergie ou le bois matériau. Pour l'indicateur Recipe, l'indicateur "agricultural land occupation" inclue un facteur de caractérisation égale à 1 pour un flux entrant d'occupation d'espace mentionné comme "Occupation, forest, intensive, normal" et c'est ce flux que l'on retrouve avec une valeur élevée dans les inventaires du bois (un ordre de grandeur de 2000). Pour mieux comprendre les bases de l'indicateur "consommation d'espace", voici le lien vers les documents de Recipe: http://www.lcia-recipe.net/ Se rappeler de manière générale que l'ACV, par définition, donne des impacts potentiels et non réels, et que les données sont souvent des données agrégées. Je ne cesse pour ma part de plaider pour que les données françaises soient accessibles dans les bases de données internationales et compatibles avec tous les outils logiciels. Si cette discussion apporte une petite pierre pour convaincre les producteurs de données de faire la démarche, tant mieux!

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